Que l'Aventure de cette bouteille commence !

30 MAI 2016

Rédigé par Géraldine Vanpoucke et publié depuis Overblog

Le « crowdfunding », ou financement participatif, fédère de plus en plus de porteurs de projets et de contributeurs. Une alternative au prêt bancaire pour les premiers. Une façon différente de s’engager pour les autres. A Donzère dans la Drôme Provençale, le viticulteur Christophe Molet a fait appel à la plateforme « Miimosa », spécialisée dans les initiatives liées à l’agriculture et à l’alimentation, pour financer l’acquisition des premiers pieds de vigne bio, et ainsi poursuivre la reconversion de son domaine agricole en bio.

Cela fait cinq ans que ses terres se reposent. Seuls les chevaux y passent pour y brouter l’herbe et l’enrichir en fertilisants naturels, comme il dit. Cinq ans pour imaginer une reconversion de ces cinq hectares, situés sur les hauteurs de Donzère, en Drôme Provençale.

Le vignoble, Christophe Molet le connait bien, de par sa formation et son brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole avec spécialisation viticulture-œnologie. Et de par une expérience de douze ans dans le travail de la vigne. De viticulteur à vigneron, il n’y avait qu’un pas que ce natif de Soissons dans l’Aisne a décidé de franchir, mais en mode bio cette fois-ci, en parallèle de son activité de commercial. « C’est la continuité logique de l’époque où j’avais déjà de la vigne, que je cultivais en raisonné. Le bio me paraît être aujourd’hui une des clefs de la réussite si l’on veut faire de la qualité » explique-t-il. Autour de la ferme familiale, son domaine baptisé « Le Creux du Merle » est donc en train de renaître. Les premiers pieds de vigne ont été plantés en avril sur un hectare, avec pour objectif d’en recouvrir les cinq hectares d’ici 2020.

Pour l’aider à financer ce projet, Christophe Molet a fait appel à ce qu’on appelle le « crowdfunding », autrement dit le financement participatif. « J’ai découvert que cela existait il y a quelques mois, dans un magazine, à travers un article sur un éleveur, installé dans la Drôme également, qui avait sollicité ce type de financement pour son installation. Je me suis dit que j’allais essayer, plutôt que de faire un emprunt à la banque » poursuit-il.

Des contreparties en échange

Son choix s’est porté sur la plateforme de financement participatif appelé « MiiMosa ». « Parce que le mimosa est ma fleur préférée » confie-t-il en souriant, « mais surtout parce qu’elle accompagne uniquement des projets agricoles ». Toute récente car fondée en novembre 2014, ce site est à l’initiative de Florian Breton, un petit-fils de viticulteur natif du Roussillon, et se veut entièrement dédié à l’agriculture et à l’alimentation. Depuis sa création, « Miimosa », dont le siège est à Paris, a soutenu 250 projets sur le territoire français, dont dix dans la Drôme et cinq en Ardèche. Deux sont encore en cours dans la Drôme, celui de Christophe Molet à Donzère, et un autre à Beaufort-sur-Gervanne, pour la création d’une épicerie associative et citoyenne (Voir « Pour en savoir plus »).

Il a 45 jours pour mener à bien sa collecte de fonds, soient 6400 €, qui permettront de poursuivre l’achat des pieds de vigne. En « échange » de leurs dons, les contributeurs recevront des contreparties, dès 15€ de dons. Une photo de la vigne plantée, des lots de produits locaux comme de l’huile d’olive de la propriété ou des coffrets de vins du terroir (cultivés en bio ou en biodynamie). Jusqu’à une dégustation d’une omelette aux truffes au Domaine, accompagnée du « vin-qui-va-bien » évidemment ! Et surtout, pour tous, une ou plusieurs (selon le montant des dons) des toutes premières bouteilles qui sortiront de la toute première cuvée, prévue en 2018, baptisée « Cuvée Miimosa », avec inscrits sur l’étiquette, les noms de tous les généreux donateurs.

Claude Serre est de ceux-là. Il a été dans les premiers à soutenir financièrement le projet de Christophe Molet. Comme d’autres avant celui-là. « Généralement, j’ai connaissance des projets par des amis ou des relations qui les relayent, et si cela m’interpelle, je participe. C’est le troisième projet que je soutiens par l’intermédiaire d’une plateforme de financement participatif, les deux autres étant dans le domaine de la culture et du social » explique-t-il, ajoutant une anecdote : « Mon véritable premier financement participatif remonte aux années 80 pour la Mutuelle des Motards. A l’époque, les assurances étaient très chères et très pénalisantes pour les motards et j’avais participé financièrement à la création de cette nouvelle mutuelle. Sauf que cela ne se faisait pas par le net ». Et de poursuivre : « Le projet de Christophe Molet m’a intéressé parce qu’il se situe dans le bio, parce que je consomme beaucoup bio et parce que c’est un projet local (NDLR. Claude Serre habite Viviers, à quelques kilomètres de Donzère, mais côté Ardèche). Ce qui fait déjà trois bonnes raisons ! Et je pense que ce genre de financement alternatif a de l’avenir et qu’il y en aura de plus en plus ».

Un réflexe pour tester un projet

En effet, les chiffres sont là pour confirmer : 2,3 millions de Français ont déjà participé à une campagne de « crowdfunding », dont un million de plus en 2015. Côté finances, toujours en 2015, cela représente près de 300 millions d’euros collectés (Dons, prêts et investissements confondus) et près de 18000 projets portés sur l’ensemble du territoire français. Les deux tranches d’âges les plus présentes chez les donateurs sont les 25-34 ans et les 35-49 ans (*). Et pour les plus jeunes surtout, le financement participatif devient presque un réflexe pour tester un produit ou un concept. La plupart des transactions sont réalisées par les principales plateformes généralistes, mais de nouvelles se positionnent de plus en plus en se spécialisant, par régions ou par thèmes, comme « Miimosa » sur l’agriculture et l’alimentation.

Retour à Donzère auprès de Christophe Molet. A ce jour, presque 70% de l’objectif des 6400€ a été atteint, et il lui reste encore une quinzaine de jours pour promouvoir son action et trouver les derniers investisseurs. Pendant ce temps, les premiers pieds de vigne poursuivent leur croissance sous le soleil de la Drôme Provençale, et les ânes, dans le pré d’à côté, attendent aussi avec impatience que ces précieux arbustes atteignent leur taille adulte. Car ils auront alors leur rôle à jouer une fois les vendanges terminées, en servant de « tondeuse naturelle » dans le vignoble. Ils apporteront ainsi eux-aussi leur pierre à l’édifice. Une autre forme de soutien participatif en quelque sorte. Et quand solidarité et générosité s’en mêlent, ce sera forcément un bon cru !

G.V.

(*) Sources Association « Financement Participatif France ».

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Pour en savoir plus :

- Sur le projet de Christophe Molet > https://www.miimosa.com/que-laventure-de-cette-bouteille-commence

- Sur la plateforme de financement participatif MiiMOSA >https://www.miimosa.com/faq#know-more

- Sur l’autre projet à soutenir dans la Drôme, l’épicerie associative et citoyenne >https://www.miimosa.com/une-epicerie-associative-et-citoyenne-en-gervanne-sye

- Sur le financement participatif en France et les chiffres de l’année 2015 >http://financeparticipative.org/

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