La houblonnière de Lezerzot

       Projet soutenu par : 

 

La Houblonnière de Lezerzot (dans les Côtes-d'Armor en Bretagne) est née dans ma tête il y a maintenant 3 ans. Nous étions 4 potes dans une voiture en route pour le festival du bout du monde. Malgré l'heure peu avancée, 15h de l'après-midi, nous refaisions déjà le monde sous un grand soleil. Kévin, le photographe et ici le conducteur, Florian, le botaniste féru de plantes chiliennes, Maxime, le brasseur amateur et moi, Antoine.

       Paimpolais, je voulais au départ être marin mais le daltonisme m'a réaiguillé vers la Biologie. Passionnant que de comprendre son monde ! Après 5 ans et le Master en poche, j'avais 2 solutions : la recherche fondamentale, qui me permettrait de faire avancer un peu plus encore notre science, ou les boîtes privées. Les études amènent parfois à éveiller des consciences. J'ai donc poursuivi mon cursus en botanique. La connaissance des plantes, la jovialité trouvée lors de mes différentes études, les interactions du vivant : la faune et la flore, la science, l'entraide, l'humain, la terre et là, dans cette voiture quand Max, Kévin et Flo me disent : "Mais mec, pourquoi tu ne ferais pas pousser du houblon ?" Là ! c'est le commencement de cette folle aventure. OUI, j'avais enfin trouvé à 27 ans ce que je voulais faire : de l'innovation en m'installant pour une culture non connue dans l'ouest, du bio et plus encore : un agrosystème se basant sur la vie de la terre, l'animal, les interactions multiples et complexes qui participent à la réussite d'un système, à la réussite de MON système.

        Une année passée au CFPPA de Kernilien à Guingamp et un BPREA en maraîchage biologique acquis, le parcours à l'installation, la recherche d'une ferme, l'accord bancaire, un Max ayant monté sa brasserie à Paimpol, Flo en passe de monter sa pépinière à Plourhan et Kévin toujours photographe. Voilà, le 26 juin 2018 ce projet si fou prenait vie avec notre entrée, Anaïs, ma compagne, et moi, à Lezerzot.

      Ce lieu magique signifiant "Cour seigneuriale des amoureux" laissait la place à la réalisation de nos rêves les plus fous. 26 ha d'un seul tenant et la maison au centre. Le rêve ! Anais est prof à mi-temps et passe, me rappelant comme un souvenir de beaux moments, une licence en biologie. Elle n'est pas encore sur la ferme à 100 % mais je l'attends avec impatience dans les années à venir avec déjà de belles idées derrière la tête.

        Je parle, je parle, je parle mais je ne vous ai toujours pas expliqué ce qu'était le houblon et à quoi il allait servir !

        Humulus lupulus de son petit nom qui décrit très bien cette plante. Le houblon aime les terres riches en humus, qu'il dévore, tout comme les arbres sur lesquels il pousse d'un appétit de loup. C'est donc une plante grimpante qui peut atteindre 10m de hauteur. Il y a des plants mâles et des plants femelles. Seuls les plants femelles seront cultivés pour leurs fleurs qui, une fois matures, se transforment en cocotte.

       C'est ce que l'on appelle les cônes de houblon, ils ressemblent à une pomme de pin toute verte. Quand on regarde à l'aisselle des écailles, on observe des petits grains jaunes, ce sont des grains de lupuline. Dans ces grains se cache l'or du brasseur : les huiles essentielles et les résines utiles depuis longtemps dans l'art de la bière. En effet, le houblon est antiseptique, c'est cette propriété qui est utile pour éviter la production de bières infectées. Le houblon est aussi important pour agir sur l'amertume et les arômes de la bière. Mon projet s'inscrit dans une démarche d'hyperlocalité, d'agriculture biologique et durable. Les brasseurs locaux peinent à se procurer du houblon par le biais des circuits traditionnels. Les brasseries locales pourront désormais s'assurer d'avoir de la matière première de qualité et sans empreinte carbone démesurée grâce à cette houblonnière costarmoricaine.

Première mission dans la création du système : Les moutons

    Les moutons sont arrivés en même temps que nous. Je vous laisse imaginer la course alors pour clôturer, créer une bergerie et faire connaissance avec cette race si spéciale. Ce sont des moutons de Belle-Ile, une race de conservation. Elle a failli disparaître, il y a de ça quelques années. Heureusement, l'association "Denved a vro" qui protège les races locales a réussi à relancer le cheptel. Actuellement, il est constitué de 500 têtes en tout et pour tout. Il y en a actuellement 40 à la ferme acompagnés depuis peu de leurs 60 agneaux. J'ai voulu prendre des moutons pour créer un équilibre. En Nouvelle-Zélande, les moutons sont mis dans les houblonnières pour effeuiller le bas des plants de houblon. Cette technique permet de limiter la maladie due à une ambiance trop humide au niveau du sol en créant un courant d'air asséchant. Avantage supplémentaire : si la maladie est présente sur les feuilles, celles-ci seront mangées par les moutons alors elle sera détruite directement dans le tube digestif de l'animal, et le tout est transformé en engrais !

Deuxième étape : Survivre

      Voulant rentrer de l'argent le plus rapidement possible, je me suis mis à cultiver du chou chinois : 5000 m² plantés à la main et arrosés à l'arrosoir... heureusement que le climat breton m'a aidé dans cette affaire...

Troisième étape : Monter une houblonnière

       220 poteaux de 9m de haut, 24 km de câbles, 3600 serre-câbles, 130 ancres de 1,8m et environ 1000 heures de travail entre le sol, les calculs, le piquetage et l'assemblage aidés par le pote Xavier ! Puis fut venu le temps de lever cette structure de 4 ha assemblée au sol. À ce moment, la solidarité paysanne a démontré encore en fois que tout est possible si nous sommes soudés. En 2 jours, 17 tracteurs, une belle solidarité et un peu d'huile de coude ont permis de créer la première structure de houblonnière de type alsacienne en France hors Alsace (seul endroit au monde où nous pouvons voir ce type de houblonnières).

Quatrième étape : Les plants

        La plantation arrive pour certains qu’une fois dans une vie, qu’une fois dans une carrière. Elle est unique, rare et importante car elle posera les bases d’un futur professionnel. Unique, rare et coûteuse. En effet, il faut rajouter aux 60 000€ de la structure, 40 000€ de plants auquels se rajoutent l’achat de la ferme, la transformation des bâtiments, l’achat du matériel spécifique houblonnier, la trieuse, la presse à houblon, la chambre froide etc que je dois encore trouver.

        Je viens vers vous aujourd’hui pour m’aider à financer une partie de ces plants et de ce matériel. 15 000€ c’est un peu moins de la moitié des plants de la houblonnière mais beaucoup pour réussir ce pari, réussir cette première année si difficile. Nous pouvons attendre 20% de production la première année, mais ce chiffre hypothétique est un objectif à atteindre car parfois la récolte peut être inexistante. La houblonnière est un projet de cohésion, d’humain, de biodiversité. Nous avons montré qu’avec la solidarité, il était possible de lever cette structure et qu’à plusieurs, nous pouvons aller beaucoup plus loin.

Merci de me suivre et de participer à cette folle aventure !

 

Si le paiment par internet vous inquiète, il est possible de contribuer par chèque (Antoine Floury, 3 Lezerzot, 22140 Brelidy).