La méthanisation agricole, une énergie qui sent le gaz !
par
Christophe GATINEAU pour l'association du Jardin-vivant
Don avec contrepartie
De l’agriculture à l’énergiculture. Autoédition d’un livre pour comprendre toutes les implications de la méthanisation agricole.
France
231
Contributeurs
9 816 €
Projet financé !
Le 24 septembre 2021
Présentation du projet
Si la photosynthèse transforme l’énergie solaire en énergie alimentaire, la méthanisation agricole transforme cette énergie alimentaire en énergie thermique et électrique, en gaz et électricité.
Et quand ses promoteurs voient dans ce gaz vert une solution positive et durable pour la planète, une partie de la communauté scientifique y voit la mort programmée des sols et l’effondrement de notre système alimentaire. Alors, qu’en est-il réellement ? C’est l’objet de cet ouvrage dont la sortie est prévue pour le mois de novembre prochain.
La France vise l’autonomie en gaz pour 2050. Et pour l’atteindre, l’État s’appuie sur nos sols agricoles et les agriculteurs pour produire le biogaz, cette énergie vendue aujourd’hui à l’opinion publique comme un complément de revenu pour les producteurs et un bras de levier pour diminuer les gaz à effet de serre.
Pour le complément de revenu
Rien n’est moins sûr, l’État ayant déjà annoncé que le prix de rachat baissera au fur et à mesure que la production augmentera ! Madame la ministre de la Transition écologique, le 12 mai 2021, devant la commission du Sénat en charge d’évaluer la méthanisation dans la politique énergétique de la France :
— "Le biogaz n'est viable que si on baisse les coûts de production (…)"
Aujourd’hui, l’État achète le biogaz 5 à 10 fois plus cher que le gaz naturel, alors il est indispensable que la hausse de la production s'accompagne d'une baisse des coûts. » Des propos qui rejoignent ceux de madame la directrice générale d’Engie en 2018 :
— « La production de biogaz est quatre fois plus chère que celle du gaz naturel. Il y a un gros effort à faire. » Qui fera l’effort : l’acheteur ou le producteur ?
Qui fait l’effort en général : le banquier ou l’ouvrier ? Le paysan ou le supermarché ? À qui profite l’emprise du leader mondial du lait sur le marché : au bien-être animal, au bien-être des producteurs, ou au bien-être de ses actionnaires ?
À la Coordination rurale, on dit que le complément de revenu ne doit pas être un revenu de substitution. Autrement dit, ne doit pas être un énième simulacre où les agriculteurs seraient les dindons de la farce.
Plusieurs syndicats agricole rappellent par ailleurs que la mission essentielle de l’agriculture est alimentaire. Elle est de nourrir les humains avant d’alimenter les capitaux et les réseaux de gaz. Quant à la Confédération paysanne, pour toutes ces raisons, elle réclame un moratoire. Je partage. Lettre du 27/07/2021 au président de la République :
— « Je vous demanderais bien un moratoire, mais j’ai tout de même le sentiment d’arriver avec un train de retard, tant la méthanisation agricole s’envole sans précaution. Un train de retard et le sentiment que l’État a mis la charrue avant les bœufs, entraînant l’agriculture hors de son champ. » Quant à l’objet de ce courrier, il portait sur les gaz à effet de serre : la méthanisation agricole peut-elle les réduire ?
Si l’État et ses agences gouvernementales affirment sans sourciller qu’elle réduit notre empreinte carbone, rien ne permet de le soutenir à cette heure ! Rien, puisque l’analyse complète du cycle de vie du biogaz n’a jamais été réalisée. L’ADEME, l’agence en charge de son développement, écrivait en conclusion d’une étude publiée en 2011 :
— « Une analyse plus large devrait être menée afin d'estimer si les gains environnementaux (et technico-économiques) dépassent les transferts de pollution soulignés par cette étude. » Et 10 ans après, toujours pas d’analyse plus large en vue, pourtant le seul moyen pour savoir si réellement la production de méthane agricole à un effet positif sur notre empreinte carbone.
L’énergie grise en question
L’énergie grise ou cachée est la somme des énergies nécessaires à la fabrication d'une substance, d’un matériau, d'un objet ou d'un bâtiment, et à son recyclage.
En l’espèce, c’est l'ensemble de l’énergie consommée pour produire le gaz vert à l’exception de son utilisation.
L’énergie grise caractérise donc le cycle de vie, et elle intègre autant la mise en place des semis que les pesticides, les engrais, l’entretien, la récolte, le stockage et le transport des cultures vers les méthaniseurs, que la production de la nourriture et la conduite des élevages pour fournir les fumiers et les lisiers, que la production et le transport des protéines importées d’Amérique du Sud, que le chauffage et le brassage des fermenteurs, ou l’hygiénisation des digestats et la purification des gaz bruts.
En effet, près de la moitié des gaz qui sortent d’un méthaniseur sont directement relargués dans l’atmosphère avant d’être injectés dans le réseau ! Une perte sèche de 40 à 45 % exactement, principalement du CO2.
L’AUTEUR
Membre des Journalistes-écrivains pour la Nature et l’écologie, agronome spécialiste des vers de terre et des agricultures dites innovantes (perma-culture et agroécologie), auteur du blog Après la pluie, le beau temps et de 9 livres, dont : « Éloge du ver de terre » (Flammarion, 2018) ; « Éloge de l’abeille » (Flammarion, 2019) ; et « Sauver le ver de terre, l’un des premiers marqueurs de la biodiversité. » (2020)
Cette dernière édition a été soutenue par le ministère de la Transition écologique et solidaire via l’Office français pour la biodiversité. Quant à l’Éloge du ver de terre, il a rencontré un incroyable succès médiatique, propulsant du jour au lendemain cet animal sur tous les écrans et les ondes.
60 ans, formation initiale en protection des cultures, descend d’une famille d’agriculteurs saintongeais qui élève et cultive depuis plus d’un demi-millénaire prés de Marennes-Oléron :
— « Ce livre ne sera pas un réquisitoire contre la méthanisation, en disant que ça pue, ça pollue et que c’est de la merde comme les éoliennes et le glyphosate !!! Non, non, tout ça est aussi stérile que de stigmatiser le monde agricole. »
— « D’ailleurs, beaucoup d’agriculteurs sont sceptiques sur l’avenir de cette énergie, 3 syndicats agricoles sur les 5 s’interrogeant même sur le bien-fondé de son développement tous azimuts. Mais voilà, comme pour les pesticides et les engrais azotés, nous n’avons pas toutes les cartes en main, il manque des données pour se faire une idée précise... »
— « C’est en préparant un débat (salon du livre 2019 du Mans) avec l’ancien ministre de l’Agriculture, M. Stéphane Le Foll, que j’ai été interpellé par certaines idées qui circulaient sur la méthanisation. Et en premier, qu’elle n’aurait que des bénéfices sans aucun inconvénient ! »
— « On associe la production de biogaz à une démarche agroécologique et durable. Soit. Mais pour le synthétiser, on soustrait en amont le carbone qui nourrit habituellement la vie des sols vivants dont les vers de terre. Finalement, on confisque la nourriture de la biodiversité souterraine qui fabrique la nourriture des plantes qui nous nourrissent ! D’ailleurs, les sols, pourront-ils nourrir et produire du gaz en même temps ? Tiendront-ils le choc ? Personne n’en sait rien. Il y a aujourd’hui beaucoup trop de questions sans réponses pour être optimiste quant à cette alternative au gaz naturel. »
Portrait publié par l'Humanité le 5 aout dernier : Christophe Gatineau dans les pas de Darwin.
Exemples d’articles : Le plus gros méthaniseur à ciel ouvert se trouve en Russie ; Toute la théorie des engrais est là ; Les intercultures pour nourrir les écosystèmes ; L'autonomie gazière de la France, un dangereux mirage ; etc.
Sur le plan scientifique, l’ouvrage bénéficie de la participation de Daniel Chateigner, physicien, professeur à l’Université de Caen Normandie, et membre du Collectif Scientifique National pour une Méthanisation Raisonnée.
ÉDITION
Christophe Gatineau est aussi président de l’association du Jardin-vivant, l'éditeur du livre, une association dont le but est de sensibiliser le grand public à une agriculture vivante et permanente de type agroécologique ou perma-culture.
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